Le 8 mars est une journée internationale de lutte pour les droits des femmes, initiée en 1910 par Clara ZETKIN, et non pas « la journée de la femme », intitulé qui pervertit l’objectif attribué à cette journée. Il ne s’agit pas de célébrer « la femme » qui est une représentation essentialiste : comme s’il n’y avait qu’une seule femme dont les caractéristiques seraient réduites à la féminité, un cliché qui procède de la mécanique sexiste.
Le sexisme est une forme de discrimination sociale, tout comme le racisme, la discrimination de classe, ou la domination des enfants par les adultes : il considère qu’un groupe humain est dominant (qu’il exerce des droits sur un autre groupe) en raison de son origine, de sa culture, de sa condition sociale, de son âge, de son niveau d’études, etc.
Le patriarcat impose aux femmes leur condition sociale en raison de la domination masculine en termes de pouvoir. C’est pourquoi, comme chaque année le 8 mars, c’est aux hommes que je m’adresse en priorité. Aujourd’hui, si vous êtes un homme, la meilleure chose à faire pour célébrer la journée du 8 mars (et espérons-le les autres jours également), c’est de laisser l’espace aux femmes.
Réfléchissez à l’indécence de voir défiler dans les médias, toute la journée du 8 mars… des hommes ! Des hommes dire qu’ils aiment les femmes (ou « la » femme), des hommes dire qu’ils sont féministes, des hommes dire que ça serait tellement mieux que les autres hommes respectent les femmes (surtout les étrangers, parce que nous ça va…), des hommes avec du rouge à lèvre, des hommes en jupe… et renoncez au privilège de montrer à quel point vous célébrez cette journée et à quel point vous n’êtes pas sexiste à titre individuel (car le sexisme que nous avons à combattre ensemble est systémique), renoncez au privilège de vous exprimer pour les droits des femmes à leur place dans les médias, renoncez au privilège d’être mis en avant de tous les espaces de décision qui concernent les femmes et du pouvoir collectif en général…
Si vous êtes un homme et que vous souhaitez lutter pour les droits des femmes et l’égalité, vous devrez renoncer à faire entendre votre voix, même si votre voix s’élève pour dénoncer vos privilèges, car c’est encore en user. Mettez vous en retrait, relayez des paroles de femmes, des créations de femmes, des initiatives de femmes, laissez l’espace libre et le silence se faire en vous pour écouter. Laissez-nous parler pour nous-mêmes de nos propres besoins, car c’est le premier droit à conquérir.
Et c’est une constante, dans tous les combats d’émancipation d’une catégorie de population dominée : quand on fait partie du groupe dominant se mettre en retrait et laisser de la place, c’est le seul moyen d’arrêter de dominer, renoncer à ses propres privilèges.
LD